Suzi de Givenchy : Aimer et ĂȘtre fidĂšle Ă  soi

« Je ne veux pas lutter contre les rides et le vieillissement.Â Â»Â ă€

Je ne veux pas lutter contre les rides et le vieillissement.

Être fidĂšle Ă  soi-mĂȘme est la meilleure façon de s'intĂ©grer

Chanson :
Vous ĂȘtes nĂ© Ă  Hong Kong et avez dĂ©mĂ©nagĂ© Ă  New York Ă  l'Ăąge de quatre ans. Vous est-il dĂ©jĂ  arrivĂ© de vous sentir « Ă©tranger » en grandissant ?

Suzi de Givenchy :
Ayant grandi dans un pays Ă©tranger, je pense qu'il est tout Ă  fait normal que vous vous sentiez comme un Ă©tranger, mais parfois, vous pouvez mĂȘme vous sentir comme un Ă©tranger dans le pays oĂč vous ĂȘtes nĂ©. Donc tout est trĂšs relatif. Et il s'agit de s'adapter. Il s'agit de continuer et d'aller de l'avant.

Chanson :
Vous avez vĂ©cu Ă  Hong Kong, New York et Paris. Pour vous, oĂč considĂ©rez-vous que c'est « chez vous » ?

Suzi de Givenchy :
Hong Kong, c'est lĂ  que je suis nĂ©. Donc lĂ , tu n'as pas vraiment beaucoup de choix parce que parce que, tu sais, c'est lĂ  que la vie te place. La maison Ă  New York Ă©tait aussi un choix de mes parents. Donc, et ce n’était pas vraiment mon choix non plus. Mais je pense que chez moi en France, c'est vraiment l'endroit oĂč j'ai choisi de vivre parce que j'ai trouvĂ© l'amour, parce que c'est lĂ  que j'ai dĂ©cidĂ© de fonder ma famille. Mais je ne considĂšre pas vraiment un pays comme mon chez-moi. Je crois vraiment que la maison est en moi, dans mon corps.

Chanson :
Vous avez dit à votre mÚre plus tÎt, quel genre de personne est-elle à vos yeux ? Que représente-t-elle pour toi ?

Suzi de Givenchy :
Ma mĂšre est l'une des personnes les plus fortes que je connaisse. Elle s'est retrouvĂ©e dans une situation trĂšs difficile oĂč elle aurait pu tout simplement abandonner, mais elle a surmontĂ© beaucoup de choses et a continuĂ©. Et je dois dire qu'elle a Ă©tĂ© un exemple et l'un des moteurs de mon propre changement de vie, lorsque j'ai perdu mon mari, oĂč j'aurais aussi pu, vous savez, simplement dĂ©cider de rester au lit et je me lĂšve et prends soin de ce dont je devais m'occuper. Et je me souviens toujours de ne mĂȘme pas y avoir pensĂ©. Ma mĂšre a fait tout ça pour me donner la vie. Donc je n'ai pas ce droit.

Je ne veux pas lutter contre les rides et le vieillissement.

Devenir mannequin à 52 ans et remettre en question les standards de beauté de l'industrie

Chanson :
Les adolescentes peuvent commencer à se sentir incertaines quant à leur apparence. Avez-vous déjà vécu cela à 16 ans ?

Suzi de Givenchy :
Je pense que les adolescents sont synonymes d'insĂ©curitĂ©. Je pense donc que c'est un sentiment mondial que chaque adolescent ressent dans n'importe quel pays, partout dans le monde. Cela fait partie de la croissance. Et donc, oui, j'ai eu des sentiments d'adolescents, d'insĂ©curitĂ© durant mon adolescence. Mais je pense que ce qui l'a rendu encore plus prononcĂ©, c'est le fait que lorsque j'Ă©tais enfant, il n'y avait pas beaucoup de diversitĂ© dans les mĂ©dias. Et c’est quelque chose qui est en quelque sorte la principale raison pour laquelle je suis dans cette industrie, montrer qu’il existe des personnes diverses et que nous pouvons tous nous sentir Ă  notre place.

Chanson :
Vous retouchez rarement des photos. C'est difficile pour beaucoup de gens de faire cela. Les gens veulent toujours présenter un « meilleur look » imaginé. Pensez-vous que votre vrai look est le « meilleur look » ?

Suzi de Givenchy :
Je mets un point d'honneur Ă  ne retoucher aucune de mes propres photos, ĂȘtre moi-mĂȘme, c'est ce que l'on voit sur mon Instagram. Je pense que c'est le regard qu'on m'a donnĂ© dans la vie, je l'accepte. Et je crois vraiment que la vie, dans la vie, les choses arrivent pour une raison. Alors pourquoi iriez-vous Ă  l’encontre de quelque chose qui va arriver de toute façon ? Alors profitez au maximum de la vie. Ne vous inquiĂ©tez pas de votre apparence tant que vous ĂȘtes satisfait de vous-mĂȘme. Ayez cette histoire d'amour avec vous-mĂȘme et retrouvez-vous.

Chanson :
L’industrie de la mode continue de façonner la dĂ©finition de la beautĂ©. Toujours de nouvelles normes de beautĂ©, toujours de nouvelles rĂšgles, que les femmes doivent surtout respecter. Comment voyez-vous ces revendications ?

Suzi de Givenchy :
J'ai choisi de ne pas suivre ces rĂšgles, mais c'est simplement parce que je n'en ai jamais vraiment eu besoin. Et je connais beaucoup de discussions Ă  mon sujet, car je me rends compte que je ne suis peut-ĂȘtre pas la beautĂ© standard de certains pays. Comme si cela ne me dĂ©rangeait pas, la discussion est la raison pour laquelle j'ai choisi d'ĂȘtre dans cette industrie, c'est ce qui me stimule vraiment, c'est de faire partie de cette discussion, c'est peut-ĂȘtre d'ĂȘtre un moteur pour cette discussion. Ce que c’est, c’est que je remets en question leurs idĂ©aux de beautĂ©. Et je remets peut-ĂȘtre en question certains idĂ©aux industriels de beautĂ© et la façon dont il faut vieillir et tout ça.

Commencez une nouvelle aventure, quelle que soit la limite d'Ăąge

Chanson :
Nous avons vu le discours de Michelle à la cérémonie des Oscars. Nous sommes la meilleure actrice. Et vous avez dit que cela vous avait encouragé parce qu'elle a dit : ne laissez personne dire que vous avez déjà dépassé votre apogée, n'est-ce pas ? Qu'est-ce qui est « premier » pour vous ?

Suzi de Givenchy :
Eh bien, je pense que ce mot peut ĂȘtre pris de diffĂ©rentes maniĂšres, non ? Être le meilleur de vous-mĂȘme. Il n’y a pas d’ñge idĂ©al pour devenir le meilleur de soi-mĂȘme. C'est, je pense que je serai mĂȘme lĂ  quand j'aurai 70 ans et que je ferai ce que je fais. Pourquoi pas? Vous savez, si je suis en bonne santĂ© et si c'est le cas, je m'amuse toujours, je pense qu'il n'y a pas de prime. C'est premier quand vous voulez qu'il soit premier. Je ne crois pas qu'il y ait un Ăąge mĂ»r pour faire quoi que ce soit.

Quand ça devient difficile, mettez vos lunettes de soleil roses et voyez le monde

Chanson :
Vous avez dit un jour : "J'ai déménagé à Paris par amour et on m'a traité de romantique désespéré qui regarde la vie à travers des lunettes de soleil roses". Avez-vous eu des inquiétudes avant de déménager à Paris ?

Suzi de Givenchy :
La premiĂšre fois que je suis allĂ© Ă  Paris, j'avais 19 ans. Et quand on a 19 ans, on est trĂšs courageux. Ce n’est pas le cas, vos inhibitions sont un peu moindres. Vous vous sentez comme le roi de l'univers et vous pouvez vivre toutes les aventures que vous souhaitez. J'ai donc eu ce courage, mais j'ai aussi cet optimisme que j'ai toujours eu depuis que je suis petit. Et je pense que c'est ce qui m'a permis de surmonter beaucoup de choses. Donc venir Ă  Paris, c'Ă©tait comme une aventure, vous savez, j'ai vĂ©cu beaucoup d'aventures dans ma vie et venir Ă  Paris Ă©tait une aventure.

Chanson :
Comment avez-vous traversé les moments difficiles de votre vie ?

Suzi de Givenchy :
Tout au long de tout cela, il y a toujours eu des moments difficiles. Je pense donc que c'est plutĂŽt sympa d'avoir des lunettes de soleil roses pour voir. C'est bien d'ĂȘtre pragmatique et sĂ©rieux et de prendre la vie au sĂ©rieux, mais c'est bien d'y ajouter un peu de joie et un peu de maladresse et un peu de lĂ©gĂšretĂ©, parce que sinon c'est un peu, ça rend la vie plus facile, disons. Cela vous aide Ă  traverser les moments les plus difficiles.